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reste qu’il serait fort aisé de vous convaincre. C’est ordinairement le matin, ou pendant que vous vous promenez, que Dolni déshonore votre couche : surprenez-les demain, et ne tardez pas à tirer vengeance d’un affront aussi éclatant. — Vous me servirez, madame ? — Je vous le jure. Il n’est que de Borghèse dont il faille se cacher ; intimement liée avec votre femme, je crois qu’elle favorise mutuellement leurs passions. — Eh bien ! nous ne lui dirons mot, et demain matin, enfermé dans le cabinet, je pourrai m’assurer de tout.

Pour n’avoir pas l’air de nous entendre, nous nous séparons à l’instant, et j’engage le Duc à m’éviter tout le jour ; je vole chez la Duchesse, et l’encourageant à jouir, sans scrupule, des voluptés dont notre jeune homme l’enivre, je lui confie que le Duc projetant une chasse le lendemain, elle doit profiter de cet instant, pour passer avec Dolni la plus délicieuse matinée. Mettons-nous de bonne heure en train toutes les deux, dis-je : j’arriverai ; vous ne vous gênerez pas pour moi, et vous m’adopterez en tiers ; la Duchesse rit de mon idée, elle me permet de la remplir. L’instant arrivé, dès que je