Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/238

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croisée où Borghèse, Dolni et moi plongions sur cette affreuse machine… La voilà… Sans doute elle était innocente ; et c’est toi seul que nous voulions perdre… Secoure-la, si tu l’oses, mais songe que tu ne le peux, qu’en périssant toi-même : Grillo s’élance vers sa femme ; le mouvement qu’il fait, agitant aussitôt les ressorts, toutes les lames sont en action, toutes se dirigent à-la-fois sur ces deux victimes, qui dans moins de dix minutes sont tellement hachées l’une et l’autre, qu’on ne voit plus que du sang et des os. Je ne vous peindrai point l’extase où cette scène nous mit, Borghèse et moi ; toutes deux branlées par Dolni, nous déchargeâmes au moins dix fois de suite, et cette atrocité, je l’avoue, est une de celles dont les pointes aiguës ont le plus long-tems échauffée ma tête… ont le plus constamment embrâsés mes sens.

Viens passer demain la journée chez moi, me dit Olimpe, dès que nous fûmes de retour à Rome ; je te ferai connaître celui qui me donne cent mille écus pour brûler tous les hôpitaux et toutes les maisons de charité ; celui qui se charge de l’exécution s’y trouvera de même… Quoi ! répondis-je, tu