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ment dans le physique. Ce n’est qu’aux passions fortes que sont dûs l’invention et les merveilles des arts ; elles doivent être regardées, poursuit le même auteur, comme le germe productif de l’esprit, et le ressort puissant des grandes actions. Les individus qui ne sont point animés de passions fortes, ne sont que des êtres médiocres. Il n’y aura jamais que les grandes passions qui pourront enfanter de grands hommes ; on devient stupide dès qu’on n’est plus passionné, ou dès qu’on cesse de l’être. Ces bases établies, je demande de quel danger ne sont donc point des loix, qui gênent les passions ? Que l’on compare les siècles d’anarchie, avec ceux où les loix ont été le plus en vigueur, dans tel gouvernement que l’on voudra ; on se convaincra facilement que ce n’est que dans cet instant du silence des loix, qu’ont éclatées les plus grandes actions. Reprennent-elles leur despotisme, une dangereuse létargie assoupit l’âme de tous les hommes ; et si l’on ne voit plus de vices, à peine découvre-t-on une vertu : les ressorts se rouillent, et les révolutions se préparent. Mais l’interrompit Olimpe, vous ne voudriez donc plus de loix dans