Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/253

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par les miennes, au lieu que rien n’arrête, rien ne contraint les injustices de la loi. Tous les défauts de l’homme appartiennent à la nature ; il ne peut y avoir, d’après cela, de meilleures loix que celles de la nature ; car il n’appartient à aucun homme de réprimer ce qui vient de la nature : or, la nature n’a point fait de loix ; elle n’en imprime qu’une seule au cœur de tous les hommes, c’est de nous satisfaire… de ne rien refuser à nos passions, quelque chose qu’il puisse en coûter aux autres. Ne vous avisez donc point de gêner les impulsions de cette loi universelle, quels que puissent en être les effets ; vous n’avez pas le droit de les arrêter ; laissez ce soin à celui qu’elles outrageront ; si elles le blessent, il saura bien les réprimer. Les hommes qui crurent que de la nécessité de se rapprocher, dérivait celle de se faire des loix, tombèrent dans la plus lourde erreur ; ils n’avaient pas plus besoin de loix, réunis qu’isolés. Un glaive universel de justice est inutile ; ce glaive est naturellement dans les mains de tout le monde ; — mais chacun ne s’en servira pas à propos, et l’iniquité deviendra générale, — Cela est impossible, jamais