Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/259

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passions bien vives ? vous avez quarante ans, c’est l’âge où elles parlent le plus impérieusement. Oh oui ! je le répète, vous devez avoir fait des horreurs. Avec la place qu’il occupe, dit Bracciani, avec l’inspection générale de la police de Rome, les occasions de mal faire ne doivent pas lui manquer… Il est certain, dit Ghigi, que je suis fort à même de faire le mal, et ce qu’il y a de plus sûr encore, c’est que je ne laisse guère échapper de moyens de m’y livrer… Vous faites des injustices… des prévarications, dit madame de Borghèse, vous vous servez du glaive de Thémis, pour immoler bien des innocens ? — Et quand tout ce que vous dites-là serait, j’agirais d’après mes principes ; de ce moment, je croirais bien faire : si je suppose la vertu dangereuse dans le monde, ai-je tort d’immoler ceux qui la pratiquent ? si, reversiblement, je crois le vice utile à la terre, ai-je tort de laisser échapper aux loix ceux qui le professent ? Que m’importe d’être traité d’homme injuste : pourvu que ma conduite cadre avec mes principes, je suis tranquille ; avant que d’agir d’après eux, j’ai commencé par les analyser, ensuite j’ai basé ma conduite sur