Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/271

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Si rien n’égalait la beauté de Cornélie, rien ne surpassait non plus la majesté des traits, la supériorité de la taille de sa malheureuse mère, âgée de trente-cinq ans : Léonard, frère de Cornélie, atteignait à peine sa quinzième année, et ne le cédait en rien à ses parens : voilà bien, dit Bracciani, en le saisissant tout-à-coup, le plus joli petit bardache que j’aie encore baisé depuis long-tems ; mais un air d’abattement et de tristesse absorbait tellement cette famille infortunée, qu’on ne pût s’occuper un moment, que de les considérer en cet état, et c’est une jouissance pour le crime, que de se repaître des chagrins dont sa scélératesse accable la vertu. Tes yeux s’animent, me dit Olimpe ; cela peut être, répondis-je ; il faudrait être bien froide, pour n’être pas émue d’un tel spectacle. Je n’en connais pas de plus délicieux, me répondit Borghèse, il n’en est pas un seul au monde, qui me fasse aussi prodigieusement bander. Prisonniers, dit alors le magistrat, en affectant le ton le plus sévère ; vous êtes, je crois, bien pénétré de vos crimes… Nous n’en commîmes jamais, dit Cornélie, je crus un moment ma fille coupable ; mais éclairée