Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/290

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paraît ; et en effet, mon cher Pape, combien ne doit-on pas être surpris, quand on voit à quel point la superstition peut dénaturer les choses les plus simples ! Conviens qu’on ne sait alors qui l’on doit le plus admirer, ou de l’aveuglement des peuples, ou de la hardiesse effroyable de ceux qui les trompent. Comment se peut-il, que d’après les déréglemens dont vous vous êtes souillés à la face de l’univers, on puisse encore vous révérer comme vous l’êtes ? et comment peut-il encore vous rester quelques prosélites ! Ce ne fut que la stupidité des princes et des peuples, qui consolida la grandeur des Papes, et qui leur donna l’audace inconcevable de s’arroger des prétentions aussi contraires à l’esprit de leur religion, que révoltantes à la raison, et nuisibles à la politique. Ceux qui connaissent l’empire de la superstition, doivent être bien étonnés cependant de ses succès ; il n’y a point d’écarts, point d’imbécillités dont la dévotion ne soit susceptible. Quelques motifs politiques vinrent d’ailleurs à l’appui des effets de la superstition pendant la décadence de l’empire, les chefs occupés de guerres dispendieuses et très-éloignées, furent contraints