Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/304

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ce titre puissant Braschi, tu m’aimeras… tu me satisferas.

O ! Juliette, me dit Pie VI en m’embrassant, tu es une fort singulière créature : ton ascendant l’emporte, je serai ton esclave : avec la tête que tu me montres, j’attends de toi les plus piquans plaisirs… Tiens voilà mes clefs… visite… je te livre tout ; après les faveurs que j’attends de toi, je te promets la dissertation dont tu es curieuse. Tu peux compter sur le souper que tu me demandes, et cette nuit même, la profanation que tu exiges aura lieu. Je n’ajoute pas plus de foi que toi, à toutes ces momeries spirituelles, mon ange ; mais tu connais l’obligation où nous sommes, d’en imposer aux faibles. Je suis comme le charlatan qui distribue ses drogues, il faut bien que j’aie l’air d’y croire, si je veux les vendre. Voilà bien qui prouve que tu es un coquin, dis-je, en interrompant Braschi ; si tu étais honnête, tu aimerais mieux éclairer les hommes que de les tromper ; tu déchirerais le bandeau qui couvre leurs yeux, au lieu de l’épaissir. — Mais je mourrais de faim. — Et quelle nécessité y a-t-il que tu vives ; est-il donc urgent pour que tu di-