Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/319

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dans la bouche ; la mienne se rinçait des vins qu’il voulait boire ; il m’en seringuait quelquefois dans le cul et il l’avalait ; si par hasard il s’y mêlait quelques étrons, il était aux nues. O Braschi, m’écriai-je dans un moment de vérité, que diraient les hommes auxquels tu en imposes, s’ils te voyaient au milieu de ces turpitudes ? ils me rendraient le mépris que j’ai pour eux, me dit Braschi, et malgré leur orgueil, ils conviendraient de leur absurdité ; qu’importe, continuons de les aveugler ; le règne de l’erreur ne sera pas long, il faut en jouir… Eh oui, oui ! m’écriai-je, trompons les hommes, c’est un des plus grands services à leur rendre… Braschi, immolerons-nous quelques victimes au temple où nous devons aller ? Assurément, me dit le Saint-Père, il faut que le sang coule pour que les orgies soient bonnes. Assis sur le trône de Tibère, je l’imite dans mes voluptés ; et je ne connais pas, à son exemple, de décharge plus délicieuse que celle dont les soupirs se mêlent aux accens plaintifs de la mort. — Te livres-tu souvent à ces excès ? Il n’est guère de jours où je ne m’y plonge, ô Juliette ! il n’en est point où je ne me souille de sang ! — Mais, d’où nous vient donc ce goût