Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/329

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’est autre que celui de la mort ; nous les recevons et les nourrissons, dans nous tous deux à la fois. À cet instant que nous appellons mort, tout paraît se dissoudre ; nous le croyons, par l’excessive différence qui se trouve alors, entre cette portion de matière, qui ne paraît plus animée ; mais cette mort n’est qu’imaginaire, elle n’existe que figurativement et sans aucune réalité. La matière, privée de cette autre portion subtile de matière qui lui communiquait le mouvement, ne se détruit pas pour cela ; elle ne fait que changer de forme, elle se corrompt, et voilà déjà une preuve de mouvement qu’elle conserve ; elle fournit des sucs à la terre, la fertilise, et sert à la régénération des autres règnes, comme à la sienne. Il n’y a enfin nulle différence essentielle entre cette première vie que nous recevons, et cette seconde qui est celle que nous appelons mort ; car la première se fait par la formation de la matière, qui s’organise dans la matrice de la femelle ; et la seconde, est de même, de la matière qui se renouvelle et se réorganise dans les entrailles de la terre. Ainsi, cette matière éteinte, redevient elle-même dans sa nou-