Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/332

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but où tendent les crimes ; d’où il résulte que le criminel, qui pourrait boulverser les trois règnes à la fois, en anéantissant et eux et leurs facultés productives, serait celui qui aurait le mieux servi la nature. Toisez maintenant vos loix sur cette étonnante vérité, et vous reconnaîtrez leur justice.

Point de destruction, point de nourriture à la terre, et par conséquent plus de possibilité à l’homme de pouvoir se reproduire ; fatale vérité, sans doute, puisqu’elle prouve d’une manière invincible, que les vices et les vertus de notre systême social, ne sont rien, et que les vices même sont plus nécessaires que les vertus, puisqu’ils sont créateurs, et que les vertus ne sont que créées, où si vous l’aimez mieux, qu’ils sont causes, et que les vertus ne sont qu’effets… qu’une trop parfaite harmonie aurait encore plus d’inconvénient que le désordre ; et que si la guerre, la discorde et les crimes, venaient à être bannis de dessus la terre, l’empire des trois règnes, devenu trop violent alors, détruirait à son tour toutes les autres loix de la nature ; les corps célestes s’arrêteraient tous, les influences