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agréable à la nature, laissons-le donc commettre aux hommes, de la manière dont ils en sont le mieux délectés, et préférons dans lui la férocité à la trahison ; l’une est moins dangereuse que l’autre.

Répétons-le sans cesse : jamais aucune nation sage ne s’avisera d’ériger le meurtre en crime ; pour que le meurtre fut un crime, il faudrait admettre la possibilité de la destruction, et nous venons de la voir inadmissible. Encore une fois, le meurtre n’est qu’une variation de forme à laquelle, ni la loi des règnes, ni celle de la nature, ne perdent rien[1] ; à laquelle l’une et l’autre

  1. Il faut appeler régénération, ou plutôt transformation, ce changement que nous voyons dans la matière ; elle n’est ni perdue, ni gâtée, ni corrompue, par les différentes formes qu’elle prend, et peut-être une des principales causes de sa force, ou de sa vigueur, consiste-t-elle dans les apparentes destructions qui les subtilisent, lui donnent plus de liberté, pour former de nouveaux miracles ; la matière, en un mot, ne se détruit point pour changer de formes, et prendre une nouvelle modification ; de même, dit Voltaire (dont cette note est extraite),