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ces mercenaires, et quand l’action est commise, on le paye.

Ceci rappelle l’histoire du vieux de la Montagne. Ce prince, maître de la vie de tous les autres souverains, n’avait qu’à détacher un de ses sujets, chez tel souverain que bon lui semblait, et ce prince était immolé dans l’instant.

On trouve en Italie de ces assassins de commande, dont on peut de même se servir au besoin ; ils devraient être tolérés dans un gouvernement sage. Et pourquoi faut-il qu’au seul gouvernement appartienne le droit de disposer de la vie des hommes ?

À Ledur, en Zélande, on immolait autrefois quatre-vingt-dix-neuf hommes par an aux Dieux du pays.

Quand les Carthaginois virent l’ennemi à leur porte, ils immolèrent deux cents enfans de la première noblesse ; une de leurs loix ordonnait de n’offrir à Saturne, que des enfans de cette caste ; on imposait une amende aux mères qui laissaient échapper la moindre marque de tristesse ; l’on immolait ces enfans sous leurs yeux ; et voilà donc la sensibilité un crime !

Un roi du Nord, dont le nom m’échappe,