Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/48

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nous prendrons tout ce que l’on ne nous offrira pas ; et puisque nous avons six mois à nous, c’en est assez pour une bonne récolte.

Les mœurs sont très-libres à Florence ; les femmes se costument comme des hommes, ceux-ci comme des filles : il y a peu de villes dans toute l’Italie où l’on apperçoive un penchant plus décidé pour trahir son sexe, et cette manie leur vient assurément de l’extrême besoin qu’ils ont de les déshonorer tous deux. Les Florentins, passionnés pour la sodomie, obtinrent autre fois uns indulgence plénière des papes pour ce vice, sous quelque rapport qu’on pût le considérer. L’inceste et l’adultère s’y montrent, également sans aucun voile ; les maris cèdent leurs femmes, les frères couchent avec leurs sœurs, les pères avec leurs filles : le climat, dit ce bon peuple, est l’excuse de notre dépravation, et le Dieu qui nous y fit naître ne s’offensera pas des excès où lui-même nous porte. Il y avait autre fois à Florence une loi fort singulière à ce sujet. Il était impossible, le jeudi gras, qu’une femme refusa la sodomie à son époux ; si elle s’en avisait, et que celui-ci s’en plaignit, elle risquait de devenir la fable de la