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soir même, monseigneur, si vous l’exigez, voilà mon adresse. Trouvez-vous chez moi sur les cinq heures, vous verrez quels sont les gens que choisit votre épouse pour vous perdre et vous déshonorer ; l’ambassadeur accepte. Voilà qui va à merveille, monseigneur, dis-je alors ; mais prenez garde à la perte énorme que je fais en vous dénonçant votre épouse : c’est moi qui lui fournis des hommes, et elle me les paye fort cher ; une fois punie par vous je ne la revois plus ; ou rien de fait, ou je veux être indemnisée. Cela est juste, dit Florella, combien exigez-vous. — Cinquante mille écus. — Les voilà dans ce porte-feuille, je les porterai avec moi ; ils seront à vous si vous m’éclairez. — Tout est dit, monseigneur, je vous attends.

Mais je ne bornais pas à cette seule ruse l’horreur que je méditais sur ce malheureux ménage ; en faisant tomber la femme dans un piège, j’y voulais envelopper le mari, et vous allez voir les moyens que j’employai pour y réussir. Je vais trouver l’ambassadrice : madame, lui dis-je, vous vous gênez pour votre mari, vous le croyez sage, et vous prenez des précautions pour éviter ses reproches ; venez ce soir de bonne heure