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où je me livre, font extraordinairement bouillonner ; il faut que je décharge en voyant mes forfaits. Vous allez peut-être me demander pourquoi j’avais enveloppées les deux filles dans cette terrible proscription ? le voici ; elles étaient belles comme des anges ; j’avais depuis deux mois fait l’impossible pour les séduire, elles avaient toujours résisté : en fallait-il davantage pour allumer mon courroux contre elles ? Et la vertu n’est-elle pas toujours un tort aux yeux du crime et de l’infamie ?

Vous imaginez facilement, mes amis, qu’au milieu de toutes ces perfides scélératesses, ma lubricité personnelle ne s’oubliait pas. Maîtresse de choisir parmi les hommes superbes et les sublimes femmes que je procurais aux autres, vous croyez bien que je commençais par prendre ce qui me convenait le mieux ; mais les Italiens bandent mal, et leur santé, d’ailleurs, toujours suspecte, me jeta totalement dans le saphotisme. La comtesse de Donis était pour lors la femme la plus belle, la plus riche, la plus élégante et la plus tribade de Florence ; elle passait publiquement pour m’entretenir, et ce n’était pas sans quelque fondement.