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à votre crime, liez-le si fortement à l’action, qu’il lui devienne impossible de vous perdre. L’intérêt est le premier mobile des hommes, ne doutez donc point, d’après cela, que si vous avez négligé ces précautions, et que le complice ait du profit à vous trahir… un profit plus grand que celui qu’il trouve à garder votre secret, ne doutez pas, dis-je, qu’il ne vous trahisse, sur-tout s’il est faible et qu’il croye trouver à l’aveu un moyen d’appaiser sa conscience.

Si vous devez retirer quelque bénéfice de votre crime, cachez soigneusement cet intérêt ; n’en paraissez jamais occupée dans le public, car c’est-là ce qui vous trahira ; il vous échappera des propos involontaires par votre préoccupation ; et quand l’action sera commise, on se rappellera ces propos, ils deviendront dès-lors des probabilités, et bien souvent des semi-preuves. Si le crime commis a doublé votre fortune, ne changez rien de long-tems ni à votre train, ni à votre aisance, on partirait encore de-là pour vous rechercher.

Tâchez d’être seule après l’action faite, cela est d’autant plus nécessaire à ceux qui doutent, que la figure est le miroir de