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avons de les commettre ; et la nature, en nous créant des âmes de feu, devait au moins nous fournir un peu plus d’aliment. N’est-il pas vrai, ma belle amie, que vous avez déjà trouvé vos desirs bien supérieurs à vos moyens… Oh ! oui, oui, répondit en soupirant la belle comtesse ; — je connais cet état affreux, il fait le malheur de mes jours ; quoiqu’il en soit voici mon secret[1].

Soyez quinze jours entiers sans vous occuper de luxures, distrayez-vous, amusez-vous d’autre chose ; mais jusqu’au quinzième ne laissez pas même d’accès aux idées libertines. Cette époque venue, couchez-vous seule, dans le calme, dans le silence et dans l’obscurité la plus profonde ; rappelez-vous là tout ce que vous avez banni depuis cet intervalle, et livrez-vous mollement et avec

  1. Toutes les personnes qui ont quelque penchant au crime, voyent leur portrait dans ce paragraphe ; qu’ils profitent donc soigneusement de tout ce qui précède, et ce qui suit sur la manière de vivre délicieusement, dans le genre de vie pour lequel les a créées la nature ; et qu’ils se persuadent que la main qui donne ces avis, a l’expérience pour elle.