Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/93

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de même mes passions, et contentera de plus bien amplement mon avarice : j’aurai les cinq cents mille francs, sans être obligée d’en rendre aucun compte, deux jolies filles à ma disposition, et de plus le meurtre rafiné d’une femme avec laquelle je me suis assez long-tems branlée pour n’en vouloir plus. Quant à la vieille mère, oh ! qu’elle y passe, rien de plus simple ; mais faisons grace au moins jusqu’à nouvel ordre à cette douce et charmante créature, dont je ne suis pas encore rassasiée : ces idées, fort applaudies de mon époux à qui j’en fis part, nous firent prendre le parti d’envoyer sur-le-champ l’ordre à mes femmes de disparaître aussi-tôt avec nos richesses, et d’aller nous attendre à Rome, où nous devions aller en quittant Florence. Nos intentions furent exécutées avec toute l’exactitude et la ponctualité que je devais attendre de deux femmes qui m’étaient aussi sincèrement attachées qu’Elise et Raimonde. Dès le même jour, je persuadai à madame de Donis, que pour la sûreté et la perfection de l’œuvre qu’elle méditait, il devenait indispensable de renvoyer toute sa maison, et de faire venir au contraire, à sa campagne,