Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/111

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amie, je l’encule ; au milieu de nous, la putain, près de deux heures, se demena comme Messaline ; Villeneuil l’encule, je l’enconne, je refouts Villeneuil, il me le rend ; la nuit entière, enfin, se passe dans l’ivresse, et l’inquiétude reprend dès qu’elle est dissipée. Mon valet n’arrive point, dit Villeneuil. Sans doute, répond Emma, que la réparation de votre voiture le retarde ; votre lettre l’instruisait trop bien, pour qu’il puisse se tromper, il n’est question que d’un peu de patience ; n’avez-vous pas, d’ailleurs, avec vous, vos effets les plus précieux ? rien ne vous empêche de les porter à leur destination. J’irai demain, dit Villeneuil, et comme les plaisirs l’avaient épuisé, il se couche et s’endort de bonne heure.

Emma, dis-je à ma compagne, si-tôt que je le vis dans les bras du sommeil, voici le moment d’agir ; si nous tardons, les immenses richesses de ce faquin nous échapent. — Ah ! mon ami, dans une auberge, que ferons-nous de son cadavre ? — Il faut le couper en morceaux et le brûler ; cet homme n’a point de suite, jamais personne ne le viendra réclamer ici : son valet, par les précautions que tu as prises, ne l’ira cher-