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Brahé : il avait tout au plus trente ans ; mince, sec, l’œil sournois, l’air distrait, et plus qu’aucun de ses confrères, de la roideur, du cinisme et de la férocité : Ulrique, son épouse, était une des plus belles femmes de Stockolm, mais en même tems la plus méchante et la plus spirituelle, la plus attachée au parti sénatorial, la plus capable de le faire valoir ; elle avait deux ans de moins que son époux.

Mes amis, dit Steno, dès que les portes furent refermées, si je n’avais cru ce gentilhomme français et sa femme dignes de nous, vous ne les verriez pas aujourd’hui dans cette maison ; je vous demande donc avec instance de les admettre dans votre société.

Monsieur, me dit Brahé, en m’adressant la parole avec autant d’énergie que de noblesse, ce que Steno nous assure de vous, est fait pour inspirer de la confiance ; mais nous ne vous cachons pourtant pas qu’elle sera mieux établie lorsque vous aurez répondu publiquement aux différentes questions qui vont vous être faites.

D. Quels sont les motifs qui vous font détester le despotisme des Rois ?

R. La jalousie, l’ambition l’orgueil, le