Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/133

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Leur dépravation, mon frère, est affreuse ; le premier serment moral qui nous lie, après ceux de politique dont il vient d’être question, est de nous prostituer mutuellement nos femmes, nos sœurs, nos mères et nos enfans, de jouir de tous ces êtres-là, pêle-mêle… l’un devant l’autre, et par préférence, de la manière que Dieu, dit-on, a puni dans Sodome. Des victimes de tout sexe servent à nos orgies, et c’est sur elles que tombe toute l’irrégularité de nos desirs. Votre femme est-elle aussi décidée que vous à l’exécution de ces immoralités ?… Je le jure, dit Emma. Ce n’est pas tout, poursuivit Brahé, les désordres les plus effrayans nous amusent, il n’est aucun excès où nous ne nous livrions. Nous portons souvent l’atrocité au point de voler, d’assassiner dans les rues, d’empoisonner des puits, des rivières, de produire des incendies, d’occasionner des disettes, de répandre la mortalité sur les bestiaux, et tout cela, moins encore pour nous amuser que pour lasser le peuple du gouvernement actuel, et lui faire ardemment desirer la révolution préparée par nos mains : ces actions vous révoltent-elles, ou les partagerez-vous avec la société,