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Francaville, et tout ce qu’il y avait de plus riche et de plus élevé dans Naples. Mes fonds restèrent placés sur des banquiers de Rome.

Nous voyagions dans une excellente berline, Sbrigani, mes femmes et moi. Quatre valets, à cheval, nous escortaient ; lorsqu’entre Fondi et le môle de Gaëte, sur les confins de l’état ecclésiastique, à environ douze ou quinze lieues de Naples, dix hommes à cheval, vers la brune, nous prièrent, le pistolet à la main, de vouloir bien nous détourner du grand chemin pour aller parler au capitaine Brisa-Testa, qui, fort honnêtement retiré dans un château sur le bord de la mer, au-dessus de Gaëte, ne souffrait pas que les honnêtes gens qui voyageaient dans cette contrée, passassent ainsi auprès de son habitation sans lui faire une visite. Nous n’eûmes pas de peine à comprendre ce langage, et, proportionnant aussitôt nos forces à celles qu’on nous opposaient, nous sentîmes facilement que le plus court était d’obéir. Camarade, dit Sbrigani à l’officier, j’avais toujours ouï dire que les coquins ne se détruisaient pas entre eux ; si vous exercez la profession d’une manière nous