Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/203

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Qui diable m’inspirait de tels sentimens ! je l’ignore ; mais je les peins comme je les sentais.

Partons, dis-je à mes amis ; il ne s’agit pas seulement de s’occuper de plaisirs, il faut, lorsque l’on est prudent, penser encore à sa sûreté. Une felouque chargée de nos richesses nous attend à la pointe du port, je l’ai fretée jusqu’à Naples ; ne perdons point de tems ; après les gentillesses où nous venons de nous livrer, je crois très-prudent de changer de climat. Et cette fille, qu’en ferons-nous ? dis-je à Tergowitz. Nous l’emmenons j’espère, me dit je hongrois, d’un air assez mutin. — Ah ! ah, mon camarade, de l’amour ? — Non. mais puisque nous avons tant fait d’acheter cette fille au prix du sang de son protecteur, il vaut autant la conserver ; et ne jugeant pas à-propos de rien dire dans la circonstance qui, capable de nous diviser, put par conséquent nous perdre, j’eus l’air d’adopter l’avis de Tergowitz, et nous partîmes.

Carle-Son s’apperçut bientôt que je n’avais mis que de la complaisance dans le procédé qui me faisait consentir à l’enlèvement de Philogone ; il m’en parla ;