Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/207

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moi. Foutre, dis-je à Carle-Son, fort peu touché de cette reconnaissance, te serais-tu douté, mon ami, qu’un même instant me rendît à-la-fois une épouse (charmante comme tu vois), et une très-jolie fille ?… Eh bien ! tu ne pleures pas ? Non : sacredieu, me répondit Carle-Son ; je bande, au contraire, et je vois dans cette aventure les plus charmans détails à exécuter. Je les sens comme toi, répondis-je tout bas ; laisse-moi faire : tu vas bientôt reconnaître en moi l’effet des grands mouvemens de la nature. O Philogone, m’écriai-je, en me retournant avec tendresse vers la protégée de Calni, oui, vous êtes ma fille… ma chère fille ! Je vous reconnais aux doux mouvemens que j’ai sentis pour vous !… Et vous, madame, poursuivis-je, en serrant le cou de ma chère épouse, jusqu’à l’étrangler, oui, vous êtes ma femme, je vous reconnais aussi… Puis, les rapprochant toutes deux : baisez-moi l’une et l’autre, mes amies. Oh ! que la nature est une belle chose ! Philogone, ma chère Philogone ! Voyez quels sont les sentimens de cette nature sublime : j’avais peu d’envie de vous foutre, et voilà maintenant que j’en brûle. Un mouvement naturel fit re-