Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/216

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prochant d’elles, nous leur ouvrons la bouche, de force, saisissons leur langue à toutes deux, et nous les coupons de trois pouces ; dès qu’elles ne peuvent parler, me dit Carle-Son, ce n’est pas trop la peine qu’elles voyent, arrachons ces beaux yeux qui séduisirent ton cœur ; et ma réponse, à cette sage proposition, fut de faire aussi-tôt disparaître ceux de Philogone, pendant que Carle-Son éteignait à jamais ceux de Clotilde. Voilà qui va fort bien, me dis-je, mais les garces ne peuvent-elles pas mordre les chats-huans qui vont venir les dévorer ? — Sans doute. — Il faut donc leur briser les dents. Un caillou nous sert à cette opération, et ne voulant pas les flétrir davantage, afin qu’elles pussent mieux ressentir le tourment que les bêtes malfaisantes de cet île, vont leur faire endurer en les dévorant, nous nous éloignons. À cent pas de là, nous montâmes sur un petit tertre, d’où nous pouvions les appercevoir au mieux. Les chouettes, les chauves-souris, tous les animaux malfaisant de cette île, s’en étaient emparés déjà : on ne distinguait plus qu’une masse noire. Oh ! mon ami, dis-je à Carle-Son, quel spectacle ! qu’il est doux d’avoir