Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/259

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avec raison, privé de l’honneur, de former un poids dans la balance ; il n’y a pas jusqu’au Pape qui ne puisse te faire peur, s’il voulait avoir un peu d’énergie… Eh bien ! Ferdinand, est-ce la peine de vouloir dominer une nation, pour la conduire de cette manière ? Et crois-tu qu’un souverain… même un despote, puisse être heureux quand son peuple n’est pas florissant ? Où sont les maximes économiques de ton état ? j’en ai cherché, et n’en ai trouvé nulle part. Augmentes-tu l’agriculture ? Encourages-tu la population ? Protèges-tu le commerce ? Donnes-tu de l’émulation aux arts ? Non-seulement chez toi, l’on ne voit rien de ce que les autres font, mais je vois qu’on fait même tout le contraire. Qu’arrive-t-il de tous ces inconvéniens ? que ta triste monarchie languit dans l’indigence ; que toi-même deviens un être nul au congrès des autres puissances de l’Europe, et que ta décadence est prochaine. »

« Examinerai-je l’intérieur de ta ville ? en analyserai-je les mœurs ? je n’y vois nulle part de ces vertus simples qui servent de bases à la société : on se réunit par orgueil, on se fréquente par habitude, on se marie