Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/261

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paraître plus qu’il n’est ; et comme on n’a pas les qualités qui font acquérir les richesses, on y substitue la fraude ; ainsi, la mauvaise foi s’établit, et les étrangers ne peuvent plus prendre de confiance en une nation qui n’en a pas dans elle-même.

» Après avoir jeté mes regards sur les nobles, je les porte sur ton peuple ; je le vois par-tout ; grossier, stupide, indolent, voleur, sanguinaire, insolent, et ne possédant pas une seule vertu qui fasse racheter tous ces vices.

» Veux-je, en réunissant les deux tableaux, m’occuper de l’ensemble de la société ; j’y vois toutes les conditions confondues ; le citoyen auquel il manque le nécessaire, ne s’occuper que de l’inutile ; chaque homme servir d’amusement ou de spectacle à un autre ; l’indigence, elle-même, afficher un luxe d’autant plus révoltant, que quand des coursiers traînent ses chars, elle manque de pain sur sa table : n’est-ce pas un des effets horribles du goût des Napolitains, pour le luxe, de voir que pour posséder un carrosse et des valets, les trois quarts et demi des bonnes maisons, ont la cruauté de ne pas marier leurs filles ; cet affreux exemple se