Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/296

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mière dans le sang de l’aggresseur, sans risquer de répandre le sien, s’il est notre inférieur ; et de s’accommoder à l’amiable avec lui s’il est notre supérieur ou notre égal ; que l’on ne soit jamais la dupe du procédé des femmes à cet égard ; ce n’est pas la bravoure d’un homme qu’elles desirent, c’est le triomphe que leur orgueil remporte à faire dire qu’un tel homme s’est battu pour leurs charmes : ce ne sont pas non plus des loix qu’il faut faire, pour extirper cet usage odieux ; avec des loix, on révolte, on aigrit et l’on ne gagne jamais rien. C’est avec l’arme du ridicule, qu’il faut abolir cette odieuse coutume : il faut que toutes les femmes ferment leurs portes à un coquin de duelliste ; il faut qu’on le nasarde, qu’on le baffoue, il faut qu’il soit montré au doigt, il faut que chacun s’écrie, en le voyant : « Voilà l’homme qui a été assez vil, assez lâche pour aller faire le plat métier de champion, et qui a été assez sot pour croire que des paroles, que le vent emporte, ou des coups, qui ne se sentent qu’un instant, devaient être acquittés par le prix d’une vie dont on ne jouit jamais qu’une fois ; fuyez-le, c’est un fou. »

Olimpe a raison, dit Clairwil, telle est la