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tude de ne plus exister ; on croit que les mânes du mort environnant encore son cadavre, sont sensibles aux devoirs que l’on rend à cette masse ; on craint de les offenser, et l’on se plonge ainsi, sans le voir, dans l’impiété et l’absurdité les plus complètes : convainquons-nous donc bien du systême qu’il n’existe absolument plus rien de nous, quand nous sommes morts, et que cette dépouille que nous laissons sur terre, n’est plus que ce qu’étaient nos excrémens, quand nous les déposions au pied d’un arbre, pendant que nous existions. Bien pénétrés de ce systême, nous sentirions qu’il n’est dû ni devoir ni respect, à un cadavre ; que le seul soin qu’il mérite, bien plus pour nous, que pour lui, est de le faire enterrer, brûler, ou de le faire manger à des bêtes ; mais que des hommages… des tombeaux… des prières… des louanges, ne lui appartiennent nullement, et ne sont que des tributs que la stupidité rend à l’orgueil, faits pour être détruits par la philosophie. Voilà qui contrarie bien toutes les religions antiques ou modernes, mais ce n’est pas à vous qu’il faut prouver que rien n’est absurde comme les religions toutes fondées sur la fable