Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/333

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nemi juré de tous les autres ; s’il daigne se montrer à quelques hommes, il a soin de tenir tous les autres dans l’ignorance stupide des intentions divines. Toutes les révélations ne peignent-elles pas votre abominable Dieu de cette manière ; les volontés révélées, par ce Dieu, portent-elles l’emblême de la raison et de la sagesse ; tendent-elles au bonheur du peuple, à qui cette fabuleuse divinité les déclare ? En examinant ces volontés divines, je n’y trouve en tout pays que des ordonnances bisarres, des préceptes ridicules, des cérémonies dont on ne devine aucunement le but, des pratiques puériles, une étiquette indigne du monarque de la nature, des offrandes, des sacrifices, des expiations, utiles à la vérité pour les ministres de ce plat Dieu, mais très-onéreuses aux hommes. Je trouve de plus, que ces loix ont très-souvent pour but de les rendre insociables, dédaigneux, intolérans, querelleurs, injustes, inhumains envers tout ceux qui n’ont reçu, ni la même révélation, ni les mêmes loix, ni les mêmes faveurs du ciel… Et voilà l’exécrable Dieu que tu me prêches, Juliette, et tu voudrais que j’adorasse ce phantôme ?… Je le voudrais