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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/335

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naturelle. — Que feraient les hommes, sans rois et sans Dieux ? — Ils deviendraient plus libres… plus philosophes, et par conséquent plus dignes des vues de la nature sur eux, qui ne les créa, ni pour végéter sous le sceptre d’un homme qui n’a rien de plus qu’eux, ni pour ramper sous le frein d’un Dieu, qui n’est que le fruit de l’imagination de quelques fanatiques. Un moment, dit Francaville, j’adopte une partie du raisonnement de Juliette : point de Dieu… assurément elle a raison ; mais ce frein détruit, il en faut un autre au peuple : le philosophe n’en a pas besoin, je le sais, mais il en faut à la canaille, et c’est sur elle seule que je veux que l’autorité des rois se fasse sentir… Nous voilà d’accord, dit Juliette, j’ai comme vous, cédé ce point à Ferdinand, la première fois que nous causâmes ensemble… Alors, reprit Francaville, c’est par la plus extrême terreur qu’il faut remplacer les chimères religieuses ; délivrez le peuple de la crainte d’un enfer à venir, qu’il n’a pas plutôt détruit qu’il se livre à tout ; mais remplacez cette frayeur chimérique par des loix pénales d’une sévérité prodigieuse, et qui ne frappe absolument que sur lui, car