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Oh ! quelle scène, dis-je à Francaville, lorsque épuisés de foutre et d’horreur, nous nous retirâmes de ce repaire sanglant ; quelle scène ! Elle ne suffit pas encore à ton amie, me dit le prince en me montrant Clairwil qui s’amusait à visiter les blessures des morts que nous laissions sur le champ de bataille… Foutre, nous répondit cette femme à caractère, croyez-vous donc qu’on se lasse de cela ; pensez-vous que jamais on en ait assez ; voilà, sans doute, l’une des plus délicieuses horreurs que j’aie vues de mes jours, mais elle me laissera perpétuellement le regret de ne pouvoir la renouveller à tous les quarts-d’heures de ma vie.

Ici se terminait la fête. Des calèches nous attendaient ; nous montâmes, elles nous ramenèrent au palais du prince ; nous n’avions pas la force de faire un pas ; des bains d’aromates étaient préparés, nous nous y plongeâmes ; des consommés et des lits nous furent offerts ; et au bout de douze heures, nous eussions, s’il l’eût fallu, recommencé toutes les trois.

Reposées de cette fatigue, nous songeâmes à continuer notre tournée des environs de Naples, du côté du Levant : si ces descrip-