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que la proie du premier conquérant. — Les Hollandais, armés pour repousser les cruautés de l’Espagne, souffriront-ils votre tyrannie ? — J’érigerai, comme le duc d’Albe, un tribunal de sang ; tel est le seul moyen de dompter un peuple. — Tous vos sujets fuiront. — J’aurai leur bien. Et que m’importe d’ailleurs la fuite des rebelles, si ceux qui restent demeurent soumis ? Il s’agit moins de régner en tremblant sur beaucoup d’hommes, que de régner despotiquement sur un petit nombre. — Sophie, je te crois cruelle, et ton ambition ne s’allume ici, je le crains, qu’aux feux de la lubricité[1]. — Presque tous les vices n’ont qu’une cause dans le cœur de l’homme ; tous partent de son plus ou moins de penchant à la luxure : ce penchant devenant féroce dans une ame forte, entraîne à mille horreurs secretes, l’être isolé dans la nature… à mille crimes politiques, celui qui gouverne les autres. — O Sophie ! j’explique

  1. Avec quel art l’ame des tyrans se trouve ici développée ; combien de révolutions expliquées par ce seul mot.