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pour favoriser mes passions, aucun pour servir celles des autres ; quand mes refus te parviendront, accuse moins celui qui te les fait, de pusillanimité, que de grandeur d’ame. Me hâtant de fuir aussitôt, je gagnai le port le plus voisin de l’Angleterre, et me trouvai, peu de jours après, dans Londres.

Avec le goût profond que j’avais pour le crime, je fus un instant fâché de n’avoir pas accepté les moyens politiques que me donnait Sophie, d’en commettre beaucoup ; mais je ne voyais pas assez clair dans les projets de cette femme hardie, et j’aimais mieux d’ailleurs, opérer pour mon compte que pour celui d’un individu couronné.

Arrivé à Londres, je me logeai dans Piccadilli, où j’eus le malheur d’être volé le lendemain, de tout ce que je possédais d’argent comptant ; cette perte était d’autant plus affreuse pour moi, que je venais à la Haie de réaliser toutes mes lettres-de-change. Muni de recommandations pour différens seigneurs de la ville, je n’eus plus d’autres ressources que de me hâter de les porter, et de faire part du triste évènement que je venais de subir, en implorant quelques se-