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toute mon histoire de Londres, et mes roueries avec la famille Burlington, dont je tenais ici la dernière souche. Emma, aussi coquine que moi, rit beaucoup de cette aventure, et me demande à voir ma tendre épouse. Il faut la laisser-là, me dit-elle, je gage te convenir infiniment mieux que cette bégueule ; je ne te demande point de sacrement, moi, j’ai toujours détesté les cérémonies de l’église. Quoique née noble, mais malheureusement perdue par mes débauches, et mon attachement à Sophie, je ne demande avec toi d’autre titre que celui de ta maîtresse et ta plus chère amie… Comment sont tes finances ? — Dans le meilleur ordre. Je suis infiniment riche, et n’appréhende rien de la misère — Voilà qui me désole ; j’ai cent mille écus, je comptais te les offrir ; tu dépendais alors en quelque façon de moi, et ces liens faisaient mon bonheur. — Emma, je te sais gré de ta délicatesse, mais je ne me serais jamais enchaîné de cette manière avec toi ; mon ame est trop élevée pour vouloir dépendre d’une femme, il faut, ou que je ne m’en serve pas, ou que je les domine… — Eh bien ! je serai donc putain, ce rôle m’amuse :