Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/156

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ventre de sa mère ?“ — „De ça je puis vous répondre.“ — Le galant m’examine, me fait ouvrir la bouche, examine mes dents, respire mon haleine, et content de tout sans doute, il passe avec moi dans le temple destiné aux plaisirs. Nous nous asseyons tous les deux bien en face l’un de l’autre et fort près, rien de si sérieux, que mon galant, rien de plus froid et de plus flegmatique, il me lorgnait, me regardait avec des yeux à demi fermés, et je ne pouvais comprendre, où tout cela allait aboutir,102) lorsque rompant le silence à la fin, il me dit, d’attirer dans ma bouche le plus de salive que je pourrais, j’obéis, dès qu’il juge que ma bouche en est pleine, il se jette avec ardeur à mon con, passe son bras autour de ma tête afin de me la fixer, et collant ses lèvres sur les miennes, il pompe, il attire, il suce et avale avec empressement tout ce que j’avais amassé de la liqueur enchanteresse, qui paraissait le comble d’extase ; il attire ma langue à lui avec la même fureur, et dès qu’il la sent sèche et qu’il s’aperçoit qu’il n’y a plus rien dans ma bouche, il m’ordonne de recommencer mon opération, il renouvelle la sienne, je refais la mienne, et ainsi huit ou dix fois de suite, il suça ma salive avec une telle fureur, que je m’en sentis la poitrine oppressée, je crus qu’au moins quelques étincelles de plaisir allaient couronner son extase, je me trompai, son flegme, qui ne se démontait un peu qu’aux instants de ces ardentes succions redevenait le même dès qu’il avait fini et dès que je lui eus dit, que je n’en pouvais plus, il se remit à me lorgner et à me fixer, comme il avait fait en commençant, se levant sans me dire un mot, paye la Guérin et sortit.“ „Ah