Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/245

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et déliée ; à l’égard de mon derrière, de cette partie, si intéressante parmi les libertins du jour, il était de l’aveu de tout le monde, supérieur à tout ce qu’on peut voir de plus sublime en ce genre, et peu de femmes dans Paris l’avaient aussi délicieusement tourné, il était plein, rond, fort gras et très potelé, sans que cet embonpoint diminuât rien de son élégance. Le plus léger mouvement découvrait à l’instant cette petite rose, que vous chérissez tant, messieurs, et qui [je le pense bien comme vous] est l’attrait le plus délicieux d’une femme, quoiqu’il y eut très long-temps que je fus dans le libertinage ; il était impossible d’être plus fraîche, tant à cause du bon tempérament, que m’avait donné la nature que par mon extrême sagesse sur les plaisirs, qui pouvaient gâter ma fraîcheur, ou nuire à mon tempérament. J’aimais très peu les hommes et je n’avais jamais en eu, qu’un seul attachement, il n’y avait guère dans moi que la tête de libertine, mais elle l’était extraordinairement. Et après vous avoir peint mes attraits, il est bien juste que je vous entretienne un peu de mes vices, j’ai aimé les femmes, messieurs, je ne m’en cache point, pas cependant au degré de ma chère compagne md. Champville qui vous dira sans doute qu’elle s’est ruinée pour elles. Mais je les ai toujours préférées aux hommes, dans mes plaisirs, et ceux qu’elles me procuraient ont toujours eu sur mes sens un empire plus puissant, que les voluptés masculines, j’ai eu outre cela le défaut d’aimer à voler, il est inouï, à quel point j’ai poussé cette manière, entièrement convaincue que tous les biens doivent être égaux sur la terre et que ce n’est que la force et la violence qui s’opposent à cette égalité, première