Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/279

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on se contenta d’y manier des fesses et d’y sucer quelques trous de culs, et l’heure sonnant, on fut promptement s’installer au cabinet d’histoire, où Duclos [71]reprit à ces termes : „Il venait d’arriver chez la Fournier une jeune fille d’environ 12 ou 13 ans, toujours fruit des séductions de cet homme singulier, dont je vous ai parlé, mais je doute que depuis longtemps il eût débauché rien d’aussi mignon, d’aussi frais, et d’aussi joli ; elle était blonde, grande pour son âge, faite à peindre, la physionomie tendre et voluptueuse, les plus beaux yeux, qu’on pût voir et dans toute sa charmante personne un ensemble doux et intéressant, qui achevait de la rendre enchanteresse. Mais à quel avilissement tant d’appas allaient-ils être livrés ! Et quel début honteux ne leur préparait-on pas ! C’était la fille d’un marchand à lingère du palais très à son aise et qui très sûrement était destinée à un sort plus heureux que celui de faire la putain. Mais plus par ses perfides séductions notre homme en question faisait perdre de bonheur à sa victime, et mieux il jouissait. La petite Lucile était destinée à satisfaire dès son arrivée les caprices sales et dégoûtantes d’un homme qui ne se contentant d’avoir le goût le plus crapuleux, voulait encore l’exercer sur une pucelle, il arriva, c’était un vieux notaire cousu d’or, et qui avait avec sa richesse toute la brutalité, que donne l’avarice et la luxure dans une vieille âme. Quand elles y sont réunies, on lui fait voir l’enfant, quelque jolie qu’elle fut, son premier mouvement est celui du dédain, il bougonne, il jure entre ses dents, qu’il n’est plus possible à présent de trouver une jolie fille à Paris, il demande enfin, si elle est bien certainement pucelle,