Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/293

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

le duc s’échauffe, et je ne sais ni pourquoi ni comment, on prétendit que Thérèse porta quelque temps les marques qu’on y mit ce soir.168) — Laissons nos acteurs passer de ces bacchanales au [service] de leurs épouses, qu’on leur avait préparé à chacun pour ce soir-là et voyons ce qui se passe le lendemain.


Seizième journée.


Tous nos héros se levèrent frais comme s’il fussent arrivés de confesse, excepté le duc, qui commençait à un peu se dépuiser, on en accusa Duclos ; il est certain que cette fille avait entièrement saisi l’art de lui procurer des voluptés, et qu’il avoua ne décharger lubriquement qu’avec elle, tant il est vrai, que pour ces choses-là tout tient absolument aux caprices, que l’âge, la beauté, la vertu, que tout cela n’y fait rien, qu’il n’est question que d’un certain tacte bien plus souvent saisi par des beautés dans leur automne, que par celles sans expérience, que le printemps couronne encore de tous ses dons. Il y avait aussi une autre créature dans la [société] qui commençait à se rendre très aimable et à y devenir très intéressante, c’était Julie ; elle annonça déjà de l’imagination de la débauche et du libertinage assez politique, pour sentir qu’elle avait besoin de protection, assez fausse pour caresser eux-mêmes, dont peut-être elle ne soucissait au fond, elle se faisait amie de Duclos pour tâcher de rester toujours un peu en faveur auprès de son père, dont elle connaissait le crédit dans la société. Toutes les fois que c’était son tour de coucher avec le duc, elle se réunissait si bien à la Duclos, elle em-