Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/323

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par Antinous, et Curval par Brise-cul ; l’évêque qui n’avait rien fait de la journée déchargea, dit on, aux orgies en mangeant l’étron de Zélamir, qu’il se faisait garder depuis deux jours. Et l’on fut se coucher.


Dix-neuvième journée.


Dès le matin, d’après quelques observations faites sur la merde des sujets destinés aux lubricités, on décida, qu’il fallait essayer une chose, dont Duclos avait parlé dans ses narrations, je veux dire, le retranchement du pain et de la soupe, à toutes les tables excepté à celles des messieurs, ces deux objets furent soustraits, on y redoubla au contraire la volaille et le gibier, on ne fut pas huit jours à s’apercevoir d’une différence essentielle dans les excréments : ils étaient plus moëlleux, plus fondants, d’une délicatesse infiniment plus grande, et l’on trouva que le conseil de d’Aucourt à Duclos était celui d’un libertin véritablement consommé dans ces matières-là ; on prétendit qu’il en résulterait peut-être un peu d’altération dans les haleines. „Eh qu’importe,“ dit sur cela Curval, à qui le duc faisait l’objection, „il est très mal vu, de dire, qu’il faille pour donner du plaisir, que la bouche d’une femme ou d’un jeune garçon soit absolument saine, mettons apart toute manie, je vous accorderai tant que vous voudrez, que celui qui veut une bouche puante n’agit que par dépravation, mais accordez moi de votre côté qu’une bouche qui n’a pas la moindre odeur, ne donne aucune sorte de plaisir à baiser, il faut toujours qu’il y ait un certain sel, un certain piquant à tous ces plaisirs-là, et ce piquant