Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/343

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si long temps, je la fis passer à Md. Desgranges avec qui j’avais cette fois le commerce pour la 1e fois de ma vie ; notre homme revient enfin de ses affaires, Lucile le conduisit chez sa mère et c’est ici que commence la scène que j’ai à vous peindre. On trouva la vieille mère au lit, sans feu, quoique au milieu d’un hiver très froid ; ayant près de son lit un vase de bois, dans lequel était un peu de lait, où le cte. pissa dès en entrant, pour empêcher toute espèce de train et être bien maître du réduit. Le cte. avait mis deux grands coquins à sa gage dans l’escalier, qui devaient fortement s’opposer à toute montée ou des [entrées] hors de propos. „Vieille bougresse,“ lui dit le cte., „nous venons ici avec ta fille, que voilà et qui est, par ma foi, une très jolie putain, nous venons, vieille sorcière, pour soulager tes maux, mais il faut nous les peindre, allons,“ dit-il, en s’asseyant et commençant de palper les fesses de Lucile, „allons, détaille-nous tes souffrances.“ — „Hélas,“ dit la bonne femme, „vous venez avec cette coquine plutôt pour les insulter que pour les soulager. „Coquine,“ dit le cte., „tu oses insulter ta fille ? allons,“ dit-il, en se levant et arrachant la vieille de son grabat, hors du lit, tout à l’heure, „et demande-lui excuse à genoux de l’insulte que tu viens de lui faire,“ il n’y avait pas moyen de résister, „et vous, Lucile, troussez-vous, faites baiser vos fesses, à votre mère, que je m’assure bien qu’elle va les baiser, et que la réconciliation se rétablisse.“ L’insolente Lucile frotte son cul sur le visage de sa pauvre mère, en l’accablant de sottises, le cte. permit à la vieille de se recoucher, et il rentama la conversation. „Je vous dis encore un coup,“ continua-t-il, „que si vous me contez toutes vos doléances je les soulagerai !“ —