Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/349

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temps sans entendre brailler le président, et malgré tous les soins de Duclos, la petite Hébé revint toute en pleurs, il y avait même quelques choses de plus que des larmes, mais nous n’osons pas encore dire ce que c’était, les circonstances ne nous le permettent pas ; un peu de patience, ami lecteur, et bientôt nous ne te cacherons plus rien. Curval rentré et grummulant encore entre ses dents, disant que toutes ces lois-là faisaient qu’on ne pouvait pas décharger à son aise, — si on fut se mettre à table. Après le souper on s’enferma pour les corrections, elles étaient ce soir-là peu nombreuses, il n’y était en faute que Sophie, Colombe, Adélaïde et Zélamir. Durcet dont la tête dès le commencement de la soirée s’était fortement échauffée contre Adélaïde, ne la ménagea pas, Sophie, de qui l’on avait surpris des larmes pendant le récit de l’histoire du comte, fut punie pour son ancien délit et pour celui-là, et le petit ménage du jour, Zélamir et Colombe fut, dit-on, traité par le duc et Curval avec une sévérité, qui tenait un peu de la barbarie. Le duc et Curval singulièrement en train, dirent qu’ils ne voulaient pas se coucher, et ayant fait apporter de liqueur, ils passent la nuit à boire avec les quatre historiennes et Julie dont le libertinage s’augmentant tous les jours la faisait passer pour une créature fort aimable, et qui méritait d’être mise au rang des objets, pour lesquels on avait des regards. Tous les sept furent trouvés le lendemain ivres morts par Durcet qui vint les visiter, on trouve la fille nue entre le père et le mari, et dans une attitude, qui ne prouvait ni la vertu, ni même la décence dans le libertinage, il paraissait enfin, pour ne pas tenir le lecteur en suspends, qu’ils en avaient joui tous les deux à la fois.