Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/367

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savez votre affaire, on ne se livre pas impunément aux crimes noirs et affreux, que vous avez commis, et je vous trouve fort heureux, d’en être quitte à si bon marché.“ — Notre homme avait écouté ma harangue avec la plus grande attention, et dès qu’elle fut finie, il se jeta en pleurant à mes genoux en me suppliant de le ménager. „Je sais bien,“ dit-il, „que je me suis grandement oublié, j’ai puissamment offensé Dieu et la justice, mais puisque c’est vous, ma bonne dame, qui êtes chargée de ma correction, je vous demande avec instance de me ménager.“ — „Monsieur,“ lui dis-je, „je ferai mon devoir, que savez-vous si je ne suis pas moi-même examinée, et si je suis maîtresse, de me livrer à la compassion, que vous m’inspirez, „déshabillez-vous et soyez docile, c’est tout ce que je puis vous dire.“ — Grancourt obéit et dans une minute il fut nu comme la main, mais grand Dieu ! Quel corps offrait-il à ma vue, je ne puis vous le comparer qu’à un taffetas chiné, il n’y avait pas une place de son corps tout marqué, qui ne portât les preuves des déchirures, cependant j’avais mis au feu une discipline de fer armée de pointes aiguës qui m’avait été envoyée le matin avec l’instruction190) de cette arme meurtrière, se trouva rouge à peu près au même instant, où Grancourt se trouva nu, je m’en empare et commençant à le flageller avec doucement d’abord, puis un peu plus fort, et puis à tour de bras, et cela indistinctement depuis la nuque du cou jusqu’aux talons, en un instant je mets mon homme en sang. — „Vous êtes un scélérat,“ lui disais-je, en frappant [son corps], „qui avez commis toute sorte de crimes, rien n’est sacré pour vous et dernièrement encore ; on dit, que vous avez empoisonné