Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/412

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[140]„J’ai connu,“ dit cette belle fille, „un homme dont la passion consistait à entendre un enfant pousser de grands cris, il lui fallait une mère, qui eût un enfant de 3 ou 4 ans au plus, il exigeait que cette femme battait rudement cet enfant devant lui, et quand la petite créature, irritée par ce traitement, commençait à pousser de grands cris, il fallait que la mère s’empara du vit du paillard et le branla fortement vis-à-vis de l’enfant, au nez duquel il déchargeait, dès qu’il le voyait bien en pleurs.“ — „Je gage,“ dit l’évêque à Curval, „que cet homme n’aimait pas la propagation plus que toi.“ — „Je le croirais,“ dit Curval, „ce devait être d’ailleurs suivant les principes d’une dame de beaucoup d’esprit à ce qu’on dit, — ce devait être, dis-je, un grand scélérat, car tout homme, suivant elle, qui n’aime ni les bêtes, ni les enfants, ni les femmes grosses, est un monstre, à rouer. Voilà mon procès tout fait au tribunal de cette vieille commère,“ dit Curval, „car je n’aime assurément aucune de ces trois choses.“ ? Et comme il était tard, et que l’interruption avait pris une forte portion de la soirée, on fut se mettre à table, on agita au souper la question suivante, „savoir, ce quoi servait la sensibilité dans l’homme et si elle était utile à son bonheur, ou non.“ Curval prouva qu’elle n’était que dangereuse, et que c’était le premier sentiment qu’il fallait émousser dans les enfants en les accoutumant de bonne heure aux spectacles les plus féroces, et chacun ayant agité différemment la question on en revint à l’avis de Curval, après le souper, le duc et lui dirent, qu’il fallait envoyer coucher les femmes et les petits garçons et faire les orgies tout en hommes, tout le monde consentit à ce projet, on s’enferma avec