Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/61

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sur ses jugements pour extraire le petit nombre qui devait seul être admis, trois fois de suite il en resta 50 lorsqu’on fut obligé d’en venir à des moyens singuliers pour séparer43) en quelque sorte les idoles qu’embellissait encore le prestige quoiqu’on put faire, et ne se procura que ce qu’on voulait admettre. On imagina de les habiller en filles. 25 disparurent à cette ruse que prêtant44) à un sexe qu’on idolâtrait, l’appareil de celui dont on était blasé les déprima et fit tomber toute l’illusion, mais rien ne put faire varier les scrutins à ces vingt-cinq derniers, on eut beau faire, beau perdre du foutre, beau n’écrire son nom sur les billets qu’à l’instant même de la décharge, beau mettre en usage les moyens pris avec les jeunes filles, les 25 mêmes restèrent toujours et on prit le parti de les faire tirer au sort. Voici les noms qu’on donna à ceux qui restèrent, leur âge, leur naissance et le précis de leur aventure. Car pour les portraits j’y renonce, les traits de l’amour même n’étaient sûrement pas plus délicats et les modèles où l’Albani allait choisir les traits de ces anges divins étaient sûrement bien inférieurs.

Zélamir était âgé de 13 ans, c’était le fils unique d’un gentilhomme de Poitou, qui l’élevait avec le plus grand soin dans sa terre, on l’avait envoyé à Poitiers, voir une parente, escorté d’un seul domestique, et nos filous qui l’attendaient, assassinèrent le domestique et s’emparèrent de l’enfant. Cupidon était du même âge, il était au collège de la Flèche, fils d’un gentilhomme des environs de cette ville, il y faisait ses études, on le guetta et on l’enleva dans une promenade que les écoliers faisaient le dimanche ; il était le plus joli de