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Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/66

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il est d’ailleurs prouvé que c’est l’horreur, la vilanie, les choses affreuses, qui plaît quand on bande, or se rencontre-t-elle mieux quand un objet vicié, certainement si c’est la chose sale qui plaît dans l’acte de la lubricité, plus cette chose est sale plus elle doit plaire et elle est sûrement bien plus sale dans l’objet vicié que dans l’objet intact ou parfait. Il n’y a pas à cela le plus petit doute ; d’ailleurs la beauté est la chose simple, la laideur est la chose extraordinaire, et toutes les imaginations ardentes préfèrent sans doute toujours la chose extraordinaire en lubricité à la chose simple. La beauté, la fraîcheur ne frappe jamais qu’un sens simple, la laideur, la dégradation portent un coup bien plus ferme, la commotion est bien plus forte, l’agitation doit donc être plus vive, il ne fait donc point d’étonnement d’après cela que tout plein de gens préfèrent pour leur jouissance une femme vieille, laide et même puante à une fille fraîche et jolie, pas plus s’en étonner, dis-je, que nous ne le devons être d’un homme qui préfère pour ses promenades le sol aride et raboteux des montagnes aux sentiers monotones des pleines. Toutes ces choses-là dépendent de notre conformation, de nos organes, de la manière dont ils s’affectent, et nous ne sommes pas plus les maîtres de changer nos goûts sur cela que nous ne le sommes de varier les formes de nos corps. Quoiqu’il en soit tel était comme on le dit le goût dominant du président et presque vérité de ses trois confrères, car tous avaient été d’un avis unanime sur le choix des servantes, choix qui pourtant comme on va le voir dénotait bien dans l’organisation ce désordre et cette dépravation que l’on vient de peindre. On