Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/88

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dieu, sans principe, sans religion dont le moins criminel est souillé de plus d’infamies que vous ne pourriez les nombrer, et aux yeux de qui la vie d’une femme, que dis-je, d’une femme, de toutes celles qui habitent la surface du globe, est aussi indifférente que la destruction d’une mouche, il sera peu d’excès sans doute, où nous ne nous portions57) qu’aucuns ne vous répugnent, prêtez-vous sans sourciller, et opposez à tous la patience, la soumission et le courage. Si malheureusement quelqu’unes d’entre vous succombent à l’intempérie de ces passions, qu’elles prennent bravement son parti, nous ne sommes pas dans ce monde pour toujours exister, et ce qui peut arriver de plus heureux à une femme, c’est de mourir jeune, on vous a lu des règles fort sages et très propres et à votre sûreté et à nos plaisirs ; exécutez les aveuglément et attendez-vous à tout de notre part, si vous nous irritez par une mauvaise conduite quelqu’unes d’entre vous, avez avec nous dès lieux, je le sais, qui vous enorgueillient peut-être, et desquels vous espérez de l’indulgence, vous seriez dans une grande erreur, si vous y comptiez, nul rien n’est sacré aux yeux de gens tels que nous et plus ils vous paraîtront tels pour leur rupture chatouiller à la perversité de nos âmes, filles, épouses c’est donc à vous que je m’adresse en ce moment. Ne vous attendez à aucune prérogative de notre part, nous vous avertissons que vous serez traitées, même avec plus de rigueur que les autres, et cela précisément pour vous faire voir combien sont méprisables à nos yeux les lieux dont vous nous croyiez peut-être enchaînés. Au reste ne vous attendez pas que nous vous spécifierons toujours les ordres que nous voudrons nous faire exécuter, une