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Page:Sade - Les 120 journées de Sodome (édition numérique).djvu/243

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celui qui a fait ce coup-là doit bander !” Et se branlant : “Comme j’aurais voulu lui voir donner le coup !” Et lui maniant le ventre : “Était-elle grosse ?… Non, malheureusement.” Et continuant de manier : “Les belles chairs ! elles sont encore chaudes… le beau sein !” Et alors il se courba sur elle, et lui baisa la bouche avec une fureur incroyable : “Elle bave encore, dit-il… que j’aime cette salive !” Et, une seconde fois, il lui renfonça sa langue jusque dans le gosier. Il était impossible de mieux jouer son rôle que ne le faisait cette fille ; elle ne bougea pas plus qu’une souche, et tant que le duc l’approcha, elle ne souffla nullement. Enfin il la saisit, et la retournant sur le ventre : “Il faut que j’observe ce beau cul”, dit-il. Et dès qu’il l’eut vu : “Ah ! sacredieu, les belles fesses !” Et alors il les baisa, les entrouvrit, et nous le vîmes distinctement placer sa langue au trou mignon. “Voilà, sur ma parole, s’écria-t-il tout enthousiasmé, un des plus superbes cadavres que j’aie vus de ma vie ! Ah ! combien est heureux celui qui a privé cette belle fille du jour, et que de plaisir il a dû avoir !” Cette idée le fit décharger ; il était couché près d’elle, la serrait, ses cuisses collées contre les fesses, et lui déchargea sur le trou du cul avec des marques de plaisir incroyables, et criant comme un diable en perdant son sperme : “Ah ! foutre, foutre ! comme je voudrais l’avoir tuée !” Telle fut la fin de l’opération. Le libertin se releva et disparut. Il était temps que nous vinssions relever notre moribonde : elle n’en pouvait plus ; la contrainte, l’effroi, tout avait absorbé ses sens, et elle était prête à jouer d’après nature le personnage qu’elle venait de si bien contrefaire. Nous partîmes avec quatre louis que nous remit le valet, qui, comme vous imaginez bien, nous volait au moins la moitié. »

« Vive Dieu ! s’écria Curval, voilà une passion ! Il y a du sel, du piquant, au moins, là-dedans. — Je bande comme un âne, dit le duc ; je parie que ce personnage-là ne s’en tint pas là. — Soyez-en sûr, monsieur le duc, dit Martaine, il y veut quelquefois plus de réalité. C’est de quoi Mme Desgranges et moi aurons l’occasion de vous convaincre. — Et que diable fais-tu en attendant ? dit Curval au duc. — Laisse-moi, laisse-moi ! dit le duc, je fous ma fille, et je la crois morte. — Ah ! scélérat, dit Curval, voilà donc deux crimes dans ta tête. — Ah ! foutre ! dit le duc, je voudrais bien qu’ils fussent plus réels ! » Et son sperme impur s’échappa dans le vagin de Julie. « Allons, poursuis, Duclos, dit-il aussitôt qu’il eut fait, poursuis, ma chère amie, et ne laisse pas décharger le président, car je l’entends incester sa fille : le petit drôle se met de mauvaises idées dans la tête ; ses parents me l’ont confié, je dois avoir l’œil sur sa conduite, et je ne veux pas qu’il se pervertisse. — Ah ! il n’est plus temps, dit Curval, il n’est plus temps, je décharge ! Ah ! double Dieu, la belle morte ! » Et le scélérat, en enconnant Adélaïde, se figurait comme le duc qu’il foutait sa fille assassinée : incroyable égarement de l’esprit du libertin, qui ne peut rien entendre, rien voir, qu’il ne veuille à l’instant l’imiter ! « Duclos, continue, dit l’évêque, car l’exemple de ces