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Page:Sade - Les 120 journées de Sodome (édition numérique).djvu/84

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libertinage faisait couler. Il n’y manqua pas, et se secouant, s’agitant à son tour tout en opérant contre le canapé sur lequel était ma sœur, je lui vis répandre à terre les marques certaines de sa virilité. J’eus mon tour le lendemain, et je puis vous assurer, messieurs, que c’est une des plus douces opérations où je me sois trouvée de ma vie. Le fripon d’abbé eut mes prémices, et le premier foutre que je perdis fut dans sa bouche. Plus empressée que ma sœur de lui rendre le plaisir qu’il me faisait, je saisis machinalement son vit flottant, et ma petite main lui rendit ce que sa bouche me faisait éprouver avec tant de délices. »

Ici le duc ne put s’empêcher d’interrompre. Singulièrement échauffé des pollutions auxquelles il s’était prêté le matin, il crut que ce genre de lubricité, exécuté avec la délicieuse Augustine dont les yeux éveillés et fripons annonçaient le tempérament le plus précoce, lui ferait perdre un foutre dont ses couilles se sentaient trop vivement picotées. Elle était de son quadrille, il l’aimait assez, elle lui était destinée pour la défloration : il l’appela. Elle était, ce soir-là, vêtue en marmotte et charmante sous ce déguisement. La duègne lui retroussa les jupes et l’établit dans la posture qu’avait dépeinte Duclos. Le duc s’empara d’abord des fesses, s’agenouilla, introduisit un doigt au bord de l’anus qu’il chatouilla légèrement, saisit le clitoris que cette aimable enfant avait déjà très marqué, il suça. Les Languedociennes ont du tempérament ; Augustine en fut la preuve : ses jolis yeux s’animèrent, elle soupira, ses cuisses s’élevèrent machinalement ; et le duc fut assez heureux pour obtenir un jeune foutre qui coulait sans doute pour la première fois. Mais on n’obtient point deux bonheurs de suite. Il y a des libertins si tellement endurcis dans le vice que plus la chose qu’ils font est simple et délicate, moins leur maudite tête s’en irrite. Notre cher duc était du nombre ; il avala le sperme de cette délicieuse enfant sans que le sien voulût couler. On vit l’instant, car rien n’est inconséquent comme un libertin, l’instant, dis-je, où il allait en accuser cette pauvre petite malheureuse qui, toute confuse d’avoir cédé à la nature, cachait sa tête dans ses mains et chercha à refuir à sa place. « Qu’on en place une autre, dit le duc en jetant des regards furieux sur Augustine, je les sucerais plutôt toutes que de n’y pas perdre mon foutre. » On amène Zelmire, la seconde fille de son quadrille et qui lui était également dévolue. Elle était du même âge qu’Augustine, mais le chagrin de sa situation enchaînait dans elle toutes les facultés d’un plaisir que, peut-être sans cela, la nature lui eût également permis de goûter. On la trousse au-dessus de deux petites cuisses plus blanches que l’albâtre ; elle fait voir une petite motte rebondie, couverte d’un léger duvet qui commençait à peine à naître. On la place ; obligée de se prêter, elle obéit machinalement, mais le duc a beau faire, rien ne vient. Il se relève furieux au bout d’un quart d’heure et, se jetant dans son cabinet avec Hercule et Narcisse : « Ah ! foutre, dit-il. Je vois bien que ce n’est point là le gibier qu’il me faut, dit-il en parlant des deux filles, et que je ne réussirai qu’avec celui-là. » On ignore